Mathieu MORAU

Mathieu MORAU

Utilisation de l'hématologie et de la biochimie dans l'évaluation du stress à la capture chez le chevreuil (Capreolus capreolus).

Thèse soutenue le Vendredi 23 octobre 2015 à la faculté de pharmacie.

Thèse Vet Mathieu_Morau

Introduction

Le chevreuil, comme les autres ongulés européens, connaît actuellement une forte expansion démographique, allant de pair avec une augmentation des interactions entre animaux sauvages et activités humaines. Dans un territoire où les grands prédateurs sont absents, ces contacts constituent l’une des principales sources de stress rencontrées par les animaux. La chasse, les pratiques agricoles, les randonneurs, la circulation routière ou encore les chiens errants sont autant d’exemples occasionnant un stress pour l’animal sauvage. Si la réaction physiologique et comportementale mise en jeu est la plupart du temps transitoire et permet à l’animal de s’affranchir de la menace, la persistance ou la fréquence de celles-ci peuvent influencer plusieurs fonctions biologiques, telles que la reproduction, la croissance et même la survie des individus. La façon dont les animaux font face à ces situations est une composante essentielle du fonctionnement et de la démographie des populations. Dans ce contexte, mettre en place des politiques de gestion adaptées et durables nécessite de comprendre précisément ces mécanismes. Si par le passé, la plupart des travaux se limitaient aux réactions générales de l’espèce, on considère aujourd’hui que les individus ne sont pas tous égaux face au stress, y compris chez les espèces sauvages. Si certains, plutôt peureux, n’osent pas s’aventurer dans des plantations agricoles, d’autres n’hésitent pas à s’approcher des habitations, ce qui peut s’avérer risqué. Quantifier la réaction et comprendre comment un animal sauvage répond au stress est particulièrement difficile. Un panel de modifications comportementales et physiologiques induites par le stress est couramment utilisé dans cette optique chez les animaux en captivité. Mais en milieu naturel, ces observations ne peuvent en général se faire que ponctuellement à l’occasion de captures. Dans notre travail, nous chercherons à déterminer expérimentalement quels paramètres sont susceptibles d’être utilisables pour l’évaluation de la capacité individuelle de réponse au stress chez le chevreuil. Après quelques mots sur la biologie de notre modèle d’étude, le chevreuil, et après quelques rappels terminologiques sur la notion de stress, nous nous attarderons sur les mécanismes de réponse au stress de l’organisme et les modifications biologiques qui en découlent. Ces paramètres sont plus ou moins adaptés à l’étude du stress chez les cervidés sauvages. A partir de la bibliographie existante chez le chevreuil et ses espèces voisines, nous essaierons de déterminer lesquels sont utilisables en pratique. Dans un second temps, nous testerons expérimentalement les paramètres retenus à partir de mesures ponctuelles réalisées sur un grand échantillon de chevreuils sauvages capturés en milieu naturel. La troisième et dernière partie de ce travail sera consacrée à l’application des conclusions précédentes dans le contexte particulier de la captivité. Nous y discuterons les différences observées dans la réaction à la capture entre notre population sauvage et une population de chevreuils en captivité.

Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 29 octobre 2015 | Rédaction : YC